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23/10/2025

L’essentialisme comme levier de conception : quand l’usage redéfinit nos espaces de travail et nos choix de mobilier

L’essentialisme est une philosophie popularisée par Greg McKeown. Ce n’est ni une méthode de productivité ni une stratégie de gestion du temps. C’est une invitation à remettre en question l’accumulation d’actions, d’objets et de décisions pour concentrer nos efforts sur ce qui a réellement du sens. Faire moins, mais mieux. Agir moins, mais de manière juste. Concevoir moins, mais avec exigence. Cette approche peut également être appliquée au secteur du mobilier. Créer un espace c’est donner une intention à chaque élément, penser la forme et la fonction avec discernement, pour que chaque choix (matière, usage, agencement, partenaire) soit en cohérence avec les besoins des collaborateurs et les enjeux du projet.

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L’essentialisme, une philosophie de discernement

L’essentialisme repose sur une idée simple, mais radicale : nous ne pouvons pas tout faire.

Chaque « oui » que nous prononçons est aussi un « non » à autre chose, et parce que notre attention et nos ressources sont limitées, apprendre à choisir consciemment devient un acte stratégique. Greg McKeown le résume en une phrase : “Si vous ne définissez pas vos priorités, quelqu’un d’autre le fera à votre place.” C’est aussi une discipline qui s’oppose à la logique de performance aveugle. Car la performance cherche à optimiser ce qui existe déjà, quand l’essentialisme s’interroge d’abord : faut-il vraiment le faire ?

L’essentialisme, en tant qu’approche de conception et de prise de décision, se lie intimement à la notion économique, notamment en matière de mobilier et d’aménagement d’espaces de travail. Si l’essentialisme prône la réduction du superflu pour se concentrer sur ce qui est véritablement essentiel, cette philosophie trouve également un écho dans le modèle économique, où l’efficacité des choix devient un facteur déterminant. En effet, chaque investissement doit répondre à un besoin concret et mesurable du client ; un mobilier inutile ou mal adapté représente une perte, tant en termes de ressources que de performance économique. L’essentialisme invite à éliminer le superflu, à choisir des objets et des solutions qui ont une réelle valeur ajoutée, ce qui se traduit directement en économies de coûts et en optimisation des espaces.

Les trois étapes de l’Essentialisme appliquées à un projet d’aménagement

1. S’interroger : explorer en profondeur

L’essentialisme valorise l’exploration lente et intentionnelle. Il s’oppose à la précipitation et encourage la patience stratégique.

Un projet d’aménagement réussi est toujours le fruit d’un apprentissage collectif. Comment les collaborateurs travaillent-ils vraiment ? Quelles sont leurs routines, leurs frustrations, leurs besoins implicites ? Quels mobiliers semblent incontournables ? C’est cette démarche d’exploration qui garantit la pertinence et la durabilité des choix : tester des prototypes, des matériaux, des configurations de mobiliers. Cette étape de réflexion et d’échange amène aussi à penser le sens de l’aménagement : « Ce mobilier est-il aligné avec nos besoins et notre image ? »

L’armoire Acanthe en est un bel exemple. Ce modèle, issu de notre gamme surcyclée et initialement designée pour le nouveau site de Eiffage Construction Île de France, est né d’une véritable collaboration avec le client. Nous avons repensé d’anciennes armoires basses qui ont été intégrées dans un habillage contemporain. Elles gagnent ainsi en fonctionnalité et en esthétisme grâce à l’ajout d’une penderie et de cases de rangement supplémentaires. Résultat : un mobilier à la fois pratique, esthétique et exemplaire sur le plan environnemental. Une démonstration concrète de ce que peut produire la « co-création responsable. »

Cette phase d’exploration permet de découvrir les choix utiles et d’éviter des erreurs coûteuses : mobiliers mal placés, surfaces inutilisées, zones de passage encombrées, impact carbone volumineux... Un mobilier choisi en conscience crée de la valeur à votre espace.

Armoire Acanthe surcyclée hexagreen by hexagone, photo Agathe Tissier

2. Éliminer : trier sans compromis

Supprimer le superflu n’est pas un acte de privation, mais un acte de clarté. Dans beaucoup de bureaux, le superflu se manifeste par :

• Trop de meubles non-utilisés,

• Des zones trop remplies (la surface au sol encombrée),

• Du mobilier redondant…

L’essentialisme recommande un agencement épuré mais riche de sens : lignes claires, espaces respirants. Cela permet de préserver l’attention des collaborateurs et d’optimiser les surfaces disponibles. Eviter l’accumulation et se concentrer sur du mobilier qui ajoute de la valeur permet d’alléger votre espace et de donner du sens à votre projet. Une valeur qui peut aussi se traduire dans vos engagements : favoriser des produits éco-conçus, la fabrication française, des partenaires locaux…

Dans cette optique, un piège pourrait survenir si l'on néglige l’adaptation aux besoins du client, au profit d’un essentialisme trop centré sur des préférences personnelles. Une entreprise peut penser son design de manière purement esthétique ou philosophique. Mais si cette conception n’est pas alignée avec les attentes réelles des collaborateurs, le projet risque de limiter ses retombées économiques, entraînant ainsi une mauvaise gestion des ressources et une insatisfaction des collaborateurs.

3. Exécuter : simplifier pour agir efficacement

La troisième étape de la méthodologie consiste à exécuter. L’essentialiste ne cherche pas la perfection, mais la fluidité. Il crée des systèmes qui allègent la prise de décision : des routines, des cadres, des environnements qui favorisent la concentration. Dans le mobilier, cela peut se traduire par la fonctionnalité et la flexibilité : tables modulables, cloisons mobiles, espaces reconfigurables, espaces informels connectés, bureaux réglables en hauteur... Le Flex Office, les zones collaboratives et zones de concentration, les “bulles” pour le travail individuel sont également des exemples concrets. Ces choix permettent de s’adapter aux usages actuels et futurs ainsi que d’accentuer la fluidité de l’espace de travail.

Des outils pour clarifier son attention

Pour ancrer cette clarté au quotidien, Greg McKeown propose quelques outils concrets :

La règle du 90 % : si une option ne vous enthousiasme pas à 90 %, considérez que c’est un « non ». Bien sûr, cela n’engage pas une réponse immédiate.

Définir son intention essentielle : avoir une vision directrice qui oriente les décisions.

Simplifier les priorités : choisir trois objectifs majeurs, et éliminer le superflu.

Visualiser le résultat final : travailler à rebours à partir de la vision et non des contraintes.

Le piège du succès : la dispersion sous couvert d’opportunités

L’un des constats les plus lucides de Greg McKeown est ce qu’il appelle le paradoxe du succès. L’essentialisme nous rappelle qu’il faut filtrer les opportunités pour préserver la clarté et la cohérence de notre démarche. Une entreprise qui reste fidèle à son ADN, qui sait dire « non » à ce qui ne lui ressemble pas, préserve son impact à long terme.

Nous pouvons, par exemple, saluer la décision de nos partenaires Léo et Arthur Gaudenz, fondateurs de Polimair, qui ont annulé leur présence à BHV Marais suite à la récente annonce de l’implantation de SHEIN. Une décision forte, mais alignée avec les valeurs défendues depuis le début de leur démarche :

100 % en plastique recyclé - 100 % personnalisable - 100 % made in France - 100 % garantie à vie

Dans le design comme dans la stratégie, la force vient de la clarté.

La justesse comme horizon : aligner espace, usage et mobilier

Certains perçoivent l’essentialisme comme une approche restrictive qui risquerait de nous faire passer à côté d’opportunités. Mais d’autres considèrent qu’au contraire, l’essentialisme ne ferme aucune porte, mais tente simplement de clarifier notre vision sur ce qui a du sens, sur les actions et les créations qui laissent une empreinte durable. Les routines, loin d’être des contraintes, deviennent alors des appuis qui encouragent des choix pensés pour les usages contemporains : des volumes équilibrés, espaces informels, bureaux assis / debout... Le design est alors perçu comme un outil d’attention, de concentration et un réel levier de performance.

Appliqué à l’aménagement, l’essentialisme devient une méthode concrète de design stratégique :

• Prioriser les usages sans oublier les tendances.

• Penser un projet sur la durée.

• Faire des choix en cohérence avec sa vision de marque.

C’est peut-être là, finalement, la définition la plus juste du design essentiel : une promesse d’équilibre entre sens, esthétique, responsabilité et usage.